mercredi 20 juin 2007

Le jour où j'ai voulu planter une infirmière...

Souvent vers la fin d'une longue incarcération, les détenus peuvent bénéficier des joies du bénévolat, ça s'appelle des projets communautaires. Les activités sont très variées. J'ai fait la collecte d'électros qui étaient par la suite rafistolés et vendu aux plus pauvres. J'ai nettoyé les berges d'une rivière à St-Eustache. J'ai rénové les bâtiments d'un camp de vacances pour les démunis. J'ai travaillé dans un camp de jour pour handicapés. J'ai aidé les gens à la Maison du père et j'ai aidé les gens dans un CHSLD. Je m'y suis senti utile et parfois impuissant. Comme le jour où je n'ai pu aider M. Gauthier.

Dans un CHSLD de Ste-Thérèse j'aidais les responsables aux loisirs et à la cuisine. Au dîner, j'aidais les gens qui ne pouvaient manger seul. J'ai eu pendant 1 an, un contact privilégié avec ces gens que j'aidais. Je les aidais du mieux que je pouvais, au meilleur de mes connaissances. Mais il y avait des actes que je ne pouvais faire, restrictions syndicales obligent. Pas le genre de restrictions qui empêchent quatre trou-de-culs d'aider une femme qui se fait battre, ces restrictions là sont dans la tête de ces tdc. Non, si je n'obéissais pas à ces règles, je risquais de perdre mes projets communautaires et j'avais besoin d'aider pour faire changement. L'aide que j'apportais me faisait du bien, m'humanisait en quelque sorte.

Un jour M. Gauthier a demandé la toilette pendant 45 minutes. Mais l'infirmière étant seule, ne pouvait laisser la dizaine de patients sans surveillance, alors elle ne répondait pas à M. Gauthier. 45 minutes c'est long, amplement de temps pour appeler un préposé, mais pas pour l'infirmière Madame Chose. Non, tout allait bien au 5e cette journée là. Jusqu'au moment au M. Gauthier s'est mis à pleurer. Connaissez vous le sentiment qui vous envahi quand vous voyez un homme de 65 ans pleurer parce qu'il s'est chier dessus ? LA COLÈRE.......

Je sais que les infirmières sont débordées, qu'elles méritent plus de reconnaissance de la population, mais un téléphone ce n'est pas beaucoup demander. Un crisss de coup de téléphone, afin de permettre qu'un homme malade puisse garder un peu de dignité. Déjà qu'aller à la toilette avec un étranger est humiliant, y aurait-il moyen de lui laisser le peu qui lui reste????

Je pensais que les couches étaient en cas d'urgence, pas une manière de faire. C'est comme si l'avortement était un moyen de contraception. On l'utilise quand on ne peut faire autrement, pas systématiquement. AAARRRGGHHH !!!!!! J'avais le goût de lui en câlisser toute une à cette sans-génie......

1 commentaire:

Une femme libre a dit...

Je ne souhaite pas me rendre là, à ne plus pouvoir m'occuper seule de mes besoins essentiels, à dépendre des autres. Ma mère qui a 81 ans, toutes ses dents et une merveilleuse autonomie (dure à suivre ma mère!), non plus. Elle me disait dernièrement devant un café qu'elle avait l'intention de vivre en santé jusqu'à 95 ans, mais pas plus,ajoute-t-elle tout à fait sérieusement, parce qu'après ça, on risque plus de dépendre des autres. Pas impossible. Elle a l'exemple de sa mère, ma grand-mère, morte dans son sommeil chez elle dans son lit à 95 ans, toujours aussi vive d'esprit. C'est son petit fils médecin qui est vemu constater le décès et il a conclu qu'elle était morte en excellente santé, d'usure normale, a-t-il dit!